Interview avec Pascal Ortelli, Responsable des Editions Pillet

Les Éditions Pillet, fondées en 1907 et solidement ancrées en Suisse romande, sont une maison d’édition à taille humaine qui place l’auteur au cœur de son engagement. Elle édite avec soin des ouvrages dans les domaines du patrimoine, de la littérature, de la santé, de la société et de l’environnement. Parallèlement, elle propose un label « Terres d’Encre » pour permettre à chacun de publier son livre, ainsi qu’un atelier multimédia « De la plume au pixel » qui accompagne la création graphique, print et digitale des projets éditoriaux.

1. Quelle tradition ou valeur dans votre entreprise trouvez-vous essentielle, même aujourd’hui ?

    Face à la montée des protocoles et d’une certaine standardisation des processus, je dirais le fait de mettre l’humain au centre, ce qui se traduit, dans notre entreprise, par un accompagnement sur mesure de nos clients.

    2. Pourquoi est-ce parfois compliqué d’innover tout en gardant ses traditions ?

    Le monde change vite et s’accélère avec la montée de l’IA. S’il est important de conserver le cœur des traditions qui nous font vivre, ces dernières peuvent parfois nous emprisonner, lorsque par exemple une équipe n’arrive pas à changer son référentiel en arguant qu’on a toujours fait comme cela. 

    3. Comment faire pour innover sans perdre l’ADN de l’entreprise ? Avez-vous un exemple ?

    Pour une entreprise d’édition comme la nôtre appartenant à une congrégation religieuse, la vocation ou mission initiale (« être au service de la bonne presse » / « donner une voix à Dieu ») joue un rôle prépondérant et structurant. À l’origine – fait largement oublié en Valais – cela s’est incarné par la création du Nouvelliste conçu comme journal d’évangélisation ! Aujourd’hui, compte tenu de l’évolution de la société, cela passe par d’autres formes. L’important est d’arriver à transposer ce mandat initial dans le contexte actuel, et ce pour continuer de répondre aux attentes de nos contemporains.

    4. Quel rôle joue l’humain, à votre avis, dans cet équilibre entre tradition et nouveauté ?

    L’humain reste la clé de voûte et le principal capital d’une entreprise. Depuis la préhistoire, il a su et dû s’adapter pour survivre. À l’heure d’une nouvelle révolution numérique qui va faire des dégâts, je crois encore à son habileté et à sa créativité pour tirer son épingle du jeu, faire du neuf avec de l’ancien pour continuer à bien vivre aux côtés des machines. 

    5. Est-ce qu’une innovation récente a, selon vous, renforcé vos valeurs plutôt que de les remplacer ?

    Du côté de Saint-Augustin, notre mission est de créer du lien et d’être au service des paroisses et des communautés. Jusqu’à maintenant, la presse paroissiale était le vecteur principal de communication. Aujourd’hui, nous développons une application répondant aux mêmes besoins, mais qui permet d’être beaucoup plus agile et d’interagir en temps réel, ce qui renforce les liens et par là même nos valeurs fondatrices.

    6. Et pour finir, en quoi les échanges ou le réseautage avec d’autres vous aident-ils à faire avancer vos idées ou projets ?

    Ensemble, on est toujours plus intelligent. Discuter de nos projets avec des gens qu’on n’aurait pas forcément croisé dans un autre cadre amène de nouvelles forces de proposition et de créativité.